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Quelle folle idée a eu Michel Dalberto de faire cotoyer Schumann et Ravel avec Escaich ? L'idée peut sembler saugrenue au premier abord, puis interpelle et enfin attire cette part schumanienne qui est en vous. Le programme en devient allèchant avant même le début du concert.

Le célèbre pianiste français a décidé, en plus de nous offrir Escaich placé entre le Carnaval de Schumann et le Gaspard de la Nuit de Ravel en première partie. Ce choix non chronologique fut magique.La rencontre parfois brutale des sonorités de ce compositeur contemporain, peu joué, n'agressait aucunement : le terrain étant préparé soigneusement par le Carnaval de Schumann.

Ce Carnaval, si souvent joué, est l'une des pièces qui a fait dire au grand pianiste schumannien Claudio Arrau : « La musique de Schumann n'est jamais tranquille. Il y a toujours, même dans les passges lyriques, un courant sous-jacent de trubulence ». Et c'est à la confrontation à ces turbulences que les grands pianistes schumanniens se découvrent à la face du monde. Ainsi en est-il de Michel Dalberto. Il faut pour l'interprète du Carnaval se glisser avec aise dans ce registre particulier du grave et bas médium, tout en relevant les difficultés presque insurmontables qu'offre la prédilection de Schumann pour l'ostinato et la syncope. Michel Dalberto a fait fi de ces difficultés et a interprèté cette oeuvre avec des mouvements rapides semblant devancer le temps. Et pour nous prouver sa complicité avec Schumann, il nous a livré une rêverie des plus convaincantes en finale.

Mais avant d'y arriver, il a fallu passer du Carnaval schumanien au Gaspard de la Nuit de Ravel ! Après de trop brèves mesures consacrées à Escaich, Dalberto a interprèté un Gaspard de la Nuit dans l'esprit du comositeur, c'est-à-dire avec lecture des poèmes d'Aloysius Bertrand ayant inspirés le musicien pour cette composition. Cette lecture était assuré par trois lycéens du Lycée Brizeux.Et après chaque poème, Michel Dalberto nous a confié une merveilleuse vision de L'ondine. Mais son interprétation du Gibet prouve les prouesses incroyables dont le pianiste est capable dans la tenue si longue des octaves de Si bémol.

Mais l'enchantement ravelien n'était pas terminé.C'est toujours un plaisir immense que d'écouter les Valses nobles et sentimentales de Ravel. Cette oeuvre hisse Ravel au rang des plus grands de part son harmonie et sa ciselure mélodique. Et Michel Dalberto les a propulsé encore plus, s'il était possible.

Oui, le choix de programation était judicieux ! Et on en voudrait encore et encore ...